Under pressure

07/09/2022
2022, white children T-shirt, concrete, pigments, concrete sealing
L39 x D30 x H47 cm
 
"Pressure pushin' down on me
Pressin' down on you, no man ask for
Under pressure that brings a building down
Splits a family in two, puts people on streets"
 
That's how David Bowie's song Under Pressure begins and, even if this sculpture wasn't created to respond to it, or worse, to illustrate it, these first stanzas convey the same feeling that animates this piece, and just as this song (which will always give me goosebumps) ends on a note of hope, the sculpture, too, and against all odds, dares to do so.
 
An imposing black stele crashes down on a white body whose deformations bear witness to the violence of the pressure, so much so that this human body can only be identified by the use of a t-shirt, that of a child, reduced to a pedestal. The power relationship is obvious, as is the hierarchical one. But pressure means resistance, and this body is not devoid of it. Shoulders straight, he takes it in his stride but doesn't give in. It suffers, but doesn't let go, and we might assume that this situation will come to an end, that this block will fall. But is this the instant of a sudden impact, or is it a gradual crushing over time? There's no way of telling, and that would be of little importance. So it's the story of a weight, of opposition, of incompatibility too, but also of a struggle and therefore of a hope, that of freeing ourselves from this burden which, in many respects, seems to me to be highly antinomic to any positive idea of human development. So much for the broadest level of interpretation, which I shall endeavour to apply to two subsets.
 
The first, which I often put forward as both a driving force and a position, is an anti-capitalist perspective which gives rise to a number of forms of the various aspects of an omnipresent and destructive capitalism. In the background, there is a desire to understand its essence, to define it, work by work, and in so doing to influence our perception of it in order to ‘work’ towards its end. You could say that this work is at the crossroads of research and activism. This approach is comparable to and complementary (in the opposite direction) to Frédéric Lordon's approach in his book ‘Figures du communisme’, in which he seeks to positively change the negative image with which communism is wrongly associated. 
According to this perspective, the pressure is that exerted by capitalist society, symbolised by this black block, on the bodies that make it up, the pressure that Bowie talks about when he speaks of a pressure capable of destroying a building or putting people on the street. But it's also the pressure of constant competition between us, the pressure of the working world, the pressure of the constant search for money for the vast majority of us, the pressure of systemic racism, and so on. The list is too long to go into. Faced with such force and its permanence, the feeling of being tiny, powerless, and somehow like a child, is reflected in the sculpture's battered white body.

The second, then, takes us into my personal history, both past and present. As with any artistic achievement, there are several levels of interpretation, but until now I haven't felt the need to share with you the very personal one of reading my latest works. However, there are times when we feel more need to confide in others. Perhaps this work lends itself more to that. 
Here, several stories are expressed through this sculpture: the story of a violent father who weighed heavily on my childhood and will influence my life forever; the story of my current role as a father and the absolute necessity of not becoming that same weight in my child's life; It's also about my childhood in the suburbs, in the poorest town in France, with all the violence and social rejection that can entail; and finally, it's about my current battle to retain custody of my son for the last 2.5 years, through a Kafkaesque procedure in which incompetence and discrimination join hands in a farandole to the glory of a dubious justice system. This sculpture can also be seen as a way of synthesising different personal situations which, in one way or another, all have to do with putting innocent bodies under pressure, and I'm sure it will resonate with you for similar albeit different reasons.

But as I said at the beginning of this text, whatever the level of interpretation chosen, there is certainly the need to externalise this pressure, to give it form, but also the certainty of freeing oneself from it. And it is perhaps through this externalisation, this distancing, but also through the discussions that will take place after this work has been made available to the public that you are, that the process of release is set in motion, that the positive potential of a future without pressure takes shape.

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Voilà comment la chanson Under pressure de David Bowie commence et, même si cette sculpture n'a pas été créée en cherchant à y répondre, ou pire, à l'illustrer, ces premières strophes véhiculent le même sentiment qui anime cette pièce, et tout comme cette chanson (qui me donnera toujours la chair de poule) finit sur une note d'espoir, la sculpture, elle aussi et contre toute attente, s'y risque. 
 
Une stèle noir et imposante s'écrase sur un corps blanc dont les déformations témoignent de la violence de la pression à tel point que ce corps humain n'est identifiable que par l'utilisation d'un t-shirt, celui d'un enfant, réduit à l'état de socle. Le rapport de force est évident tout comme celui hiérarchique. Pour autant, qui dit pression, dit résistance dont ce corps n'est pas dénué. Les épaules droites, il encaisse, mais n'abdique pas. Il subit, mais ne lâche rien et on pourrait supposer que cette situation aura une fin, que ce bloc tombera. D'ailleurs, est-ce là l'instantané d'un impact soudain ou bien un écrasement progressif s'étendant dans la durée ? On ne saurait le dire et ceci n'aurait que peu d'importance. Ici, c'est de la pression dont on parle et non de ses modalités d'exécution.
C'est donc l'histoire d'un poids, celle d'une opposition, d'une incompatibilité aussi, mais également celle d'un combat et donc d'un espoir, celui de se libérer de cette charge qui, à bien des aspects, me paraît être très antinomique de toute idée positive de développement humain. Voilà pour le niveau le plus large d'interprétation que je vais m'efforcer d'appliquer à deux sous-ensembles.
 
Le premier, celui que je mets souvent en avant, moteur et positionnement à la fois, est une perspective anticapitaliste qui donne lieu à des mises en forme de divers aspects d'un capitalisme omniprésent et destructeur. Il y a en arrière-plan, la volonté d'en comprendre l'essence, de la définir, œuvre après œuvre et d'influer ce faisant sur la perception qu'on en a afin d'"œuvrer" à sa fin. On pourrait dire qu'il s'agit d'un travail à la croisée de la recherche et de l'activisme. Cette démarche est comparable et complémentaire (à l'inverse) de la démarche de Frédéric Lordon avec son livre "Figures du communisme" dans lequel il cherche à changer positivement l'image négative à laquelle le communisme, de manière erronée, est associée.
Selon cette perspective, la pression est celle exercée par la société capitaliste, symbolisée par ce bloc noir, sur les corps qui la composent, celle dont parle Bowie lorsqu'il parle d'une pression à même de détruire un immeuble ou de mettre des gens à la rue. Mais c'est aussi celle de la concurrence perpétuelle entre nous, celle du monde du travail, celle de la perpétuelle recherche d'argent pour la grande majorité d'entre nous, celle du racisme systémique, etc. La liste est trop longue pour en faire le tour. Devant une telle force et sa permanence, le sentiment d'être tout petit, impuissant, et quelque part comme un enfant, se retrouve dans le corps blanc meurtri de la sculpture.
 
Le deuxième, donc, nous emmène dans mon histoire personnelle tant passée qu'actuelle. Comme pour toute réalisation artistique, il existe plusieurs niveaux d'interprétation, mais je n'ai pas ressenti jusqu'à présent la nécessité de vous faire part de celui, très personnel, de lecture de mes dernières œuvres. Cependant, il est des périodes où l'on ressent plus le besoin de se confier que d'autres. Peut-être aussi que cette œuvre s'y prête plus.
Ici, plusieurs histoires s'expriment au travers de cette sculpture : celle passée d'un père violent qui pesa de tout son poids sur mon enfance et influera à jamais sur ma vie ; celle également de mon rôle actuel en tant que père et de la nécessité absolue de ne pas devenir ce même poids dans la vie de mon enfant ; celle passée également d'une enfance en banlieue dans la ville la plus pauvre de France avec tout ce que cela peut comporter de violence et de rejet social ; enfin, celle très actuelle de mon combat pour conserver la garde de mon fils depuis 2,5 années au travers d'une procédure kafkaïenne où incompétence et discrimination se donnent la main dans une farandole à la gloire d'une douteuse justice. Cette sculpture est donc aussi à voir comme le besoin de synthétiser différentes situations personnelles qui, d'une manière ou d'une autre, ont toutes à voir avec la mise sous pression de corps innocents et je suis certain qu'elle résonnera chez vous pour des raisons similaires bien que différentes.
 
Mais comme je le disais au début de ce texte et peu importe le niveau d'interprétation choisi, il y a certes le besoin d'extérioriser cette pression, de lui donner forme, mais également la certitude de s'en libérer. Et c'est peut-être par cette extériorisation, cette mise à distance, mais aussi par les discussions qui auront lieu suite à la mise à disposition de cette oeuvre au public que vous êtes, que s'enclenche le processus de sortie, que se dessine les potentialités positives d'un futur sans pression.